Carnet d’écriture inactuel du 12 mars 2017 repris ici et complété: « Nous vous regardons et vous connaissons très bien à force de vous regarder. Vous ne nous regardez pas, vous ne nous connaissez pas. » (James Baldwin). Je reste à la surface du texte à écrire. Alors que la solution est évidente, devant mes yeux. Mais je ne la vois pas. Ou si je l’aperçois, je ne la sens pas. Deux screenshots: Son nom de Venise dans Calcutta désert (film de Marguerite Duras qui compte énormément) et film super 8, au bout de la lunette les chutes du Niagara côté Buffalo (ou le ciel).
Avec une envie aujourd’hui de mon New York de 1968 (dont Librairie de France, tour Pan Am et paquebot France, mais Twin Towers non encore construites). Lyndon B. Johnson était président.
Je remonte de New York par une route dont les abords sont recouverts de neige. C’est la première fois qu’il y en a autant début mars, la tempête a dû être aussi forte que sur le film Super 8 de mon père, réalisé à la grande époque, avant le réchauffement climatique quand il faisait froid comme il fait quarante ans plus tard, mais plus au nord, à Montréal, quand les tempêtes étaient fortes, nous étions alors dans notre Impala Chevrolet, une traction arrière qui patine forcément dans la neige, nous roulions à deux à l’heure, ne distinguant pas les bords de la route 9, nous n’en revenions pas, il ne neige pas autant à Paris, une aventure, une épopée, des voitures sur les bas côtés avaient échoué dans des fossés, mon père était concentré, ma mère avait peur, « Fais attention », disait-elle à tout bout de champ. Nous étions excités à l’arrière. Demain il n’y aura sûrement pas école, les school bus ne pourront pas passer, on regardera les jeux et les séries à la télé toute la journée, pendant que nos amis en France seront obligés d’être en classe.
