Carnet d’écriture inactuel et capture d’écran du très cher Son nom de Venise dans Calcutta désert (ambiance de la photo qui me conduit, je ne sais pas pourquoi, vers la page fb, elle actuelle, de Jacques Serena).
Mais « Ne sois vrai qu’avec tes amis. Seuls les morts sont autorisés à dire la vérité, avait écrit Mark Twain. Il n’y a aucune époque tolérante et civilisée. » (Martin Page)
Carnet d’écriture du 10 août 2014 complété le 23 mars 2019: J’écris sur cet autre qui est inintéressant d’emblée, je lui consacre des mois de ma vie, mais pourquoi? est une question qui me revient en boomerang alors que
Je lis le livre de Marianne Rubinstein, C’est maintenant du passé, dont je n’avais pas, à sa parution en 2009, saisi les enjeux de post-mémoire (merci à qui de droit), que je dévore et qui introduit des questions sur les motivations d’écriture elle sur sa famille disparue: Elle écrit successivement:
« J’écris parce que c’est le seul endroit d’où je peux, sans l’aide de personne calmer l’angoisse. Où je n’ai plus que le visage collé à la vitre, le nez écrasé par trop de pression. J’écris parce que l’écriture crée, même en été, un espace enneigé autour de moi, qui assourdit les bruits de l’extérieur et dans lequel je peux réparer les mécanismes complexes d’une montre imaginaire, nettoyer chacune des pièces, avant de les assembler pour entendre de nouveau tic tac. »
Puis: « J’écris parce que j’ai un problème de place. Mais ce livre là pourquoi je l’écris? Pourquoi a-t-il renversé toutes les priorités? Pourquoi ai-je passé l’automne 2007 et l’hiver qui a suivi à chercher tout ce qui était relatif à eux, puis l’été à écrire le manuscrit et de nouveau l’automne 2008 et l’hiver qui a suivi à le retravailler?
Pour qu’ils aient leur place. Et que le vide qu’ils ont laissé en moi et sur lequel le regard appuie sans cesse — car avec le nom que je porte comment ne pourrais-je pas être juive?— se remplisse. »
Marguerite Duras avait, chaque fois qu’on lui demandait pourquoi elle écrivait une réponse différente: « J’écris pour me vulgariser, pour me massacrer, et ensuite pour m’ôter de l’importance, pour me délester: que le texte prennent ma place de façon que j’existe moins. Je ne parviens à me libérer de moi que dans deux cas: par l’idée du suicide et par celle d’écrire. » Dans un livre: « Je peux dire ce que je veux, je ne trouverai jamais pourquoi on écrit et comment on n’écrit pas. Une autre fois: « J’écris, tout simplement, j’écris. »
J’introduis cette question dans mon texte. Et les couches successives de réponses se déroulent, la première:
« Ce n’est que grâce au trauma des autres que j’aborde cet autre, qu’il s’impose, ça ne me dit pas pourquoi j’éprouve le besoin de me consacrer à lui, si ce n’est la peur que le moment d’écrire sur lui m’échappe et je ne pourrai que le regretter.«