Alors Une saison en enfer, l’œuvre de Rimbaud que j’avais si souvent abordée extérieurement, est entrée dans ma chair par la lecture de Nâzim Boudjenah à la Comédie-Française (Manque hélas, en réécoute, sa présence, la cigarette à un moment indispensable, la vidéo n’était accessible que pendant 24 heures. Précision a posteriori du 19 mai 2021 : l’enregistrement audio n’est plus disponible sur Soundcloud)
Elle arrive à point nommé : La vie a pris de l’avance : Simone, ma mère, s’exprime depuis un mois dans une temporalité infinie. Et j’atteins la fin d’un texte dont l’écriture a occupé les deux dernières années, ma relation avec celui que j’étais à seize ans, que je nomme Hippolyte, et qui, initialement, m’ennuyait (quand il ne suscitait pas inexorablement la honte, écriture amorcée dans le Duetto consacré à Annie Ernaux, la collection de Dominique Guiou).
Au cours de ce temps, les occurrences de la vie ont si souvent bousculé, entrechoqué, pris de court mon écriture, l’orientant loin de l’idée initiale. Un immense voyage, me conduisant dans tant d’états, je ne peux l’évoquer que maintenant.
Dans chaque mot, chaque phrase, chaque partie du texte de Rimbaud, se reflète, rebondit, me revient ma relation avec mon Hippolyte, ce que j’ai été, ce que j’ai traversé. Chaque moment. Et ensuite? Une nouvelle période s’ouvre. En cohabitant avec cet Hippolyte et aussi avec tout ce que j’ai été, une peur que ce soit trop difficile (et aussi la peur que son écriture s’impose). Comme si je ne voulais pas voir que je suis là, prêt. En l’état au futur flou (« Et à l’aurore, armés d’une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes »).