Lire Françoise Morvan (2) sur papier Munken Pure Rough

Écrire physiquement. 

De retour à Montréal avec à mes côtés la série Sur Champ de sable de Françoise Morvan, aux Editions Mesures.

Quatre temps de la vie, quatre couleurs, quatre livres que j’ai saisis ensemble, dans l’ordre et le désordre, séparément et ensemble, après que j’ai lu Les lais de Marie de France par elle, et les traductions de Tchekhov avec André Markowicz au plus près pour écrire Ce côté et l’autre de l’océan,  après que Paul Claudel et André Markowicz m’ont emmené dans la pulsation vitale de la poésie. 

Si on m’avait tout simplement raconté en classe que l’ïambe — l’unité de base du vers, temps faible puis temps fort, ou encore syllabe brève suivie d’une longue —  est né de la pulsation de la vie, le battement du cœur ainsi que l’écrit Paul Claudel, pa/pam, la systole puis la diastole, pa/pam pa/pam, ainsi que je l’entends dans la voix d’André Markowicz abordant Pouchkine et les poètes russes, mais c’est que j’aurais adoré les cours de français, je serais entré dans les poèmes au lieu de transpirer sur leur analyse. 

Un préalable indispendable pour lire ces livres. 

La lecture commence par le toucher du papier, de l’impression, des poèmes, pas n’importe lequel, sur du Munken pure rough. La douceur pour dire à la fois la douceur et la violence d’une enfance rurale dans cet extrait (une hérésie sans doute, il faut le lire en entier et à voix haute en fait) de Vigile de décembre, le 4e volume, du poème Silenciaires (étym: qui restent silencieux, qui réduisent quelqu’un au silence; deux formes très différentes, passive et active, attentive et oppressive):

L’âme comme un coffret qui se referme
Après le sang brutal l’homme aux mains rudes
Aux lèvres gardant une odeur de vin
Le viol admis pour règle et les travaux du jour
La soumission portant sa joie diffuse
Aux serments de la vie si mal tenus
Un menu de baptème à lettres d’or
Une guimpe d’enfant brodée de roses
Des robes d’organdi à rubans miroitants

En refermant le livre, je referme aussi le clavier d’ordinateur et reprends papier et stylo, pour une écriture physique, qui se réalise aussi dans le stylo, le papier, le tracé des lettres. Deux formes pour la main, le clavier et le stylo, qui ne s’excluent pas, qui dialoguent entre elles, qui ont beaucoup à se dire.

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