Vouloir écrire (II): L’amour d’amis

L’envie, ne pas différer l’envie d’écrire qui est là, repousser tout le reste, et écrire avant que l’envie ne fuie.

Et une fois devant, la retenue à nouveau. Retenue et préparation insidieuse pour un temps à venir.

Sur l’amitié. Deux journées avec un ami, hier et aujourd’hui, de la matière engrangée, du désir d’écrire suscité par sa présence, les échanges. Amitié, amis, manifestations d’amitié. La discussion avec lui autour d’une personne morte proche de lui, je suis passé à côté de cette personne de son vivant, je l’ai côtoyée, je ne m’y suis pas intéressé, pris, accaparé par la vie professionnelle qui ne donne pas le temps d’une simple conversation, cette vie de l’avant qui écrasait la curiosité.

Quand l’évidence sera là, que les mots défileront, que l’amitié s’écrira. 

Je suis là, je regarde les mots et les phrases que je viens d’écrire, qui m’ont échappé. Ne pas les retoucher. À peine les relire, un effort colossal. Et toute la journée se déroulera dans cette attente, ce désir. M’en détacher, courir encore, comme hier et avant-hier, et demain aussi sans doute.

L’attente, l’attente active, aux aguets avec la matière d’écrit en préparation, que je ne vois pas encore, qui me pousse, qui demande à surgir, ne demande qu’à surgir. L’autoriser. Là, tout près. Tant de temps pour qu’advienne — Quoi? Je ne le sais pas encore.

Quelque chose de la course à pied.

Je suis bloqué parce que je cherche à écrire sur les conséquences de mes déplacements sur l’amitié, je cherche à écrire sur les amis devant l’amour, et ça, en fait, ce n’est pas possible. C’est sur l’amour que les déplacements me conduisent à aller. Pas vers les amis d’abord. Les amis viennent avec, dans la suite, mais pas en tête. 

Sitôt que je pense amour en lien avec les déplacements, je ne suis plus bloqué. Même si l’obscurité est toujours là, l’obscurité est liée à l’amour et non au sujet de l’amitié, ou alors il contient l’amour d’amis.

Dans cette obscurité, l’amour est diffus et impalpable, là, profondément, là partout et dominant tout, mais si je me concentre sur le seul mot, il m’échappe.

Je ne suis plus bloqué, Mais c’est trop obscur, il faut que j’écrive sur cet amour diffus impalpable. C’est à partir de lui qu’il faut que j’écrive.

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