Nietzsche écrivant (I): L’inspiration et la liberté créative à Sils Maria

Nietzsche écrivant, c’est ainsi que je le lis, et non comme philosophe ou comme écrivain. Nietzsche en mouvement, dansant sur le papier avec les mots.

Ce qui ressort de Sils Maria que je rêvais d’atteindre après avoir vu le film du même nom d’Olivier Assayas, qui n’aborde pas Nietzsche ni la petite maison dans laquelle il a écrit une grande part de ses grands livres, que j’ai atteint. Le seul nom de ce village suisse de la haute Engadine dans le canton des Grisons portait au rêve.

Une rue, quelques maisons entre deux lacs, un phénomène nuageux connu sous le nom de Serpent de Majola, et objet du film d’Assayas, est aisément observable. https://www.youtube.com/watch?v=mJDnkuwmhtU

L’unique pièce de la maison où Nietzsche écrivait plusieurs mois par an est recouverte de papier peint vert sombre pour que la lumière ne lui déclenche pas de migraines. Le petit musée dans la maison, avec de nombreuses photos et manuscrits, est un parcours qui emmène dans sa vie et ses œuvres. Sur la presqu’île de Chastè atteinte en marchant dans la neige fraîche, lieu de marche de Nietzsche, un extrait de Zarathoustra a été gravé dans un rocher peu après sa mort, en 1900.

De retour de Sils Maria, plus que le film revu, ce sont deux livres qui s’ouvrent: le Nietzsche de Stefan Zweig, enthousiasmant et qui m’emporte grâce à son extraordinaire énergie, avec l’art d’une biographie qui dépasse les faits, qui relate sa folle liberté créatrice; ainsi que La danse de Nietzsche de Béatrice Commengé:

À quoi servirait-il de danser si le mouvement n’engageait pas l’âme toute entière? À quoi servirait la musique si elle se contentait d’imiter les phénomènes et d’accompagner un poème déjà écrit?

Ils renforcent l’envie de plonger dans l’œuvre: le Gai Savoir, ce livre que j’avais tenté de lire autrefois, qui m’avait résisté, qui s’ouvre à moi avec sa fantastique liberté donnée pour écrire, pour vivre, tout en légèreté. Une lecture du texte pour le texte, nécessitant seulement de se familiariser avec son vocabulaire.

Dans ce livre, les jours palpitent, le monde vibre. Nietzsche écrit sur le corps. Il n’est plus la prison de l’âme, une entrave, un péché, il est la source de vie.

Par le corps, l’esprit se découvre.

Danser, chanter, écrire, être gai.

Et l’horizon s’éclaircit.

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