Puissances de l’art ou La lance de Télèphe —  Bertrand Leclair (éditions MF, 2024): Le mouvement

Effet de miroir du livre de Bertrand Leclair, Puissances de l’art ou la Lance de Télèphe (éditions MF, 2024). D’abord le texte et sa disposition avec les notes procurent une ivresse de lecture.  Je me suis souvenu du Tramway de Claude Simon et aussi d’un livre de Giorgio Pressburger, Dans l’obscur royaume : les notes [...]

Nietzsche écrivant (II): Sils Maria, influence majeure

La première phrase du Crépuscule des idoles, dernier livre qu'il termine d'écrire à Sils Maria: "Conserver sa gaieté d'esprit au beau milieu d'une ténébreuse affaire, à la responsabilité écrasante, ce n'est pas un mince tour de force: et que pourrait-il pourtant y avoir de plus nécessaire que la gaieté d'esprit?" Dans la maison de Sils, [...]

Nietzsche écrivant (I): L’inspiration et la liberté créative à Sils Maria

Nietzsche écrivant (I): L’inspiration et la liberté créative à Sils Maria

Nietzsche écrivant, c'est ainsi que je le lis, et non comme philosophe ou comme écrivain. Nietzsche en mouvement, dansant sur le papier avec les mots. Ce qui ressort de Sils Maria que je rêvais d'atteindre après avoir vu le film du même nom d'Olivier Assayas, qui n'aborde pas Nietzsche ni la petite maison dans laquelle [...]

Imre Kertész, La liberté d’être soi dans la société à laquelle on appartient

Une question qui interrompt ma lecture, qui s'infiltre dans l'écriture en cours, qui a un effet de miroir: "Je voudrais aborder une question qui, ici, au centre de l'Europe, n'est vraisemblablement pas une question. Il s'agit de la liberté d'être soi, c'est-à-dire la liberté d'être ce qu'on est dans la société à laquelle on appartient. [...]

Théâtre à la table (2)

Mon Cher Paul Claudel, Les expérimentations à la Comédie-Française, depuis un an, depuis le début du premier confinement, et plus particulièrement depuis le troisième avec le "théâtre à la table" relèvent du miracle avec une apothéose, atteinte la lecture à la table de votre Soulier de satin (même s’il n’y a rien de définitif ou [...]

Théâtre à la table (1)

Ce qu’il se passe à la Comédie-Française depuis quelques semaines (depuis la deuxième fermeture des salles à l’automne 2020) avec les lectures à la table, renommées théâtre à la table pour l'occasion, est extraordinaire, une modification en profondeur s’opère dans mon rapport au texte écrit.Le dispositif est simple : une table, des tapuscrits, cinq jours [...]

Mémoire et imagination — Aharon Appelfeld (3)

La mémoire et l'imagination d'Aharon Appelfeld dans L'héritage nu (éditions de l'Olivier, traduction Michel Gribinski):  Sans la mémoire, pas de littérature. La mémoire, ce n’est pas seulement les faits, les choses vues, et le relevé de leur emboîtement, c’est aussi la chaleur d’une émotion.  L’imagination est un élément dynamique qui la fait bouger, lui donne [...]

Mémoire et sensations — Aharon Appelfeld (2)

À un moment où, au sujet d'un certain monde brûlant bien qu'ancien, je me heurte à l’impossibilité de stimuler la mémoire, d’extirper de l’oubli autre chose que des sensations vives qui envahissent mon corps et qui sont liées, je rencontre cette absence de mots d’Aharon Appelfeld. Il serait faux que je tente de constituer quelque [...]

Mémoire et enfance — Aharon Appelfeld (1)

L’écriture me conduit chaque fois vers des univers porteurs et stimulants. Ils s’ouvrent en temps voulu. À celui celui des poètes russes d’André Markowicz s’est ajouté celui d’Aharon Appelfeld à mesure qu’une certaine enfance s’imposait à moi, que je cherchais à éclairer.  Dans un entretien à l’occasion de la sortie du Garçon qui voulait dormir [...]

L’imagination par fragments

Quelques notes de 2019, complétées en 2020 et 2021 Sans aucune théorie, ce qui se passe dans l’écriture depuis quelques années: elle se produit principalement par fragments et segments.  L’histoire ne se reconstitue pas en comblant les trous par l’imagination. Les segments sont tirés de la mémoire, depuis l’état où ils y sommeillaient: des fragments de [...]